27 janvier 2024
Plantes toxiques

Belladone

La belladone, c’est quoi ?

La belladone (Atropa belladona L.) est une plante herbacée vivace de la famille de Solanaceae. Le nom latin belladonna vient de l’italien bella donna, qui signifie « belle dame ». En effet, à la Renaissance, les femmes italiennes instillaient dans leurs yeux du jus de belladone pour faire briller leur regard, en augmentant la pression de l’œil, et en dilatant la pupille (mydriase) et se donner ainsi plus d’attirance.

La belladone est une plante à odeur fétide, qui peut atteindre jusqu’à 2 m de hauteur. Elle a des tiges légèrement velues et de couleur rougeâtre. Ses grandes fleurs solitaires sont de couleur brun pourpre et pendantes à l’aisselle de feuilles. Les feuilles sont entières, ovales et disposées par deux mais de tailles inégales. Les fruits, qui s’épanouissent à l’automne, sont des baies noires luisantes, entourées par le calice, et de la taille d’une petite cerise.

Planche botanique de la belladone
Planche botanique de la belladone (Atropa belladona L.)

La belladone pousse spontanément en Europe centrale et méridionale, dans l’Ouest de l’Asie et le Nord de l’Afrique.

Quelles sont les parties toxiques de la belladone ?

Toute la plante est toxique. En effet, les différentes parties de la plantes renferment des alcaloïdes tropaniques qui sont responsables de sa toxicité. Les racines sont les organes les plus riches en alcaloïdes tropaniques (jusqu’à 0,9%), suivies des fruits (jusqu’à 0,7%) et des feuilles (jusqu’à 0,6%).

Les alcaloïdes tropaniques de la belladone sont essentiellement le L-hyoscyamine, alcaloïde majoritaire, la scopolamine et l’atropine. L’hyoscyamine est l’isomère lévogyre de l’atropine. Il faut noter que l’hyoscyamine est plus active que l’atropine.

Comment survient l’intoxication à la belladone ?

L’intoxication par la belladone est rare à cause de l’odeur fétide et repoussante de la plante. Généralement, l’intoxication survient de façon accidentelle suite à la contamination des plantes alimentaires ou médicinales lors de la récolte.

L’intoxication peut aussi survenir suite à l’ingestion de fruits surtout part les enfants. Ces fruits, qui sont des baies noirâtres de saveur douce, peuvent être confondus avec des baies comestibles telles que les cerises. L’ingestion de quelques baies présenteraient un risque mortel pour l’enfant.

Il faut savoir que les alcaloïdes toxiques de la belladone n’ont aucun effet sur les animaux herbivores. La consommation du lait ou de la chaire de ces animaux peut être dangereuse pour l’Homme.

Quels sont les effets de la belladone?

La belladone est surtout riche en alcaloïdes tropaniques notamment l’hyoscyamine. L’hyoscyamine, comme les autres alcaloïdes tropaniques, est une puissante molécule anti-cholinergique qui agit sur l’organisme à différents niveaux : Au niveau oculaire, elle provoque une mydriase par paralysie des muscles constricteurs iriens. Au niveau cardiaque, on note une tachycardie (élévation du rythme cardiaque) par élimination de l’action freinatrice du nerf vague. Au niveau vasculaire, une vasodilatation des vaisseaux cutanés surtout au niveau de la face d’où la rougeur de la face caractéristique de l’intoxication par la belladone. Au niveau des sécrétions, les sécrétions salivaires, gastriques, pancréatiques, sudorale sont freinées d’où le soif intense et la sensation de brûlure de la gorge rapportés dans les cas d’intoxication par la belladone.

Parmi les autres signes d’intoxication, les symptômes neurologiques occupent une place importante avec des céphalées, des troubles visuels et des hallucinations auditives. A ce stade, la paralysie du centre respiratoire entraîne la mort. Une phase dépressive avec hypothermie peut survenir, précédant le coma et la mort.

Comment prendre en charge une intoxication à la belladone ?

La première intervention consistera à l’évacuation de substances toxiques par des vomissements provoqués et un lavage gastrique et/ou administration du charbon activé.

L’antidote spécifique des intoxications par la belladone est le néostigmine ou le physostigmine, qui sont également prescrits dans les cas d’intoxication par les autres toxiques atropiniques. Ces antidotes sont des inhibiteurs des cholinestérases. En plus de l’administration de l’antidote spécifique, il faut une surveillance étroite des fonctions vitales.

Références

1- Victoria Hammiche et al. (2013). Plantes toxiques à usage médicinal du pourtour méditerranéen. Springer-Verlag France, Paris. 409 pages.

2- Jean Bruneton. (2009). Pharmacognosie, phytochimie, plantes médicinales. Lavoisier. 4éd. 1292 pages

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.