27 janvier 2024
Plantes toxiques

Concombre d’âne

Le concombre d’âne, c’est quoi ?

Le concombre d’âne (Ecballium elaterium L.) est une plante herbacée vivace de la famille des Cucurbitaceae. La tige, hérissée de poils raides, peut atteindre 1 m de hauteur. Les feuilles sont charnues et de forme triangulaire. Les fleurs, formées par 5 pétales, sont de couleur jaune. Le fruit est une baie de 5 centimètres de long, de couleur verdâtre et hérissée de poils et disposée sur un pédoncule charnu et rigide recourbé en crochet. Ce fruit contient des graines et un suc (2 à 3 ml par fruit). Le nom latin de la plante « Ecballium elaterium » vient du grec ekbalein «  je lance au dehors ». En effet, à maturité, les fruits se détachent facilement et les graines sont alors violemment projetées par un orifice situé à l’emplacement de la zone d’insertion du pédoncule.

Le concombre d’âne est une espèce commune des lieux incultes, bords des chemins et décombres du pourtour méditerranéen.

Planche botanique concombre d'âne
Planche botanique de concombre d’âne (Ecballium elaterium L.)

Quelle est la partie toxique du concombre d’âne ?

Toute la plante est toxique par la présence de cucurbitacines, qui sont des triterpènes tricycliques. Les feuilles, les tiges et les racines renferment des cucurbitacines (B, D, E, G, H, I, L, R) mais le fruit semble être l’organe le plus riche en ces substances toxiques. De même, le suc contenu dans le fruit est riche en curcubitacines et responsable de la plupart des cas d’intoxication.

Comment survient l’intoxication au concombre d’âne ?

Le suc contenu dans le fruit est responsable de la quasi-totalité des accidents d’intoxication par le concombre d’âne. En effet, ce suc est utilisé en médecine traditionnelle par instillation nasale pour le traitement des sinusites et des ictères et par voie orale pour le traitement de la constipation. Des cas d’intoxication oculaires ont été rapportés suite à la projection accidentelle de suc dans les yeux.

Quels sont les effets du concombre d’âne ?

L’instillation par voie nasale du suc de fruit de concombre d’âne est responsable de plusieurs effets locaux. En effet, ce suc provoque une forte irritation se manifestant quelques minutes après l’instillation et l’évolution des signes cliniques peut aller jusqu’à l’obstruction nasale, les douleurs violentes dans les narines, un œdème sévère de la luette et une nécrose de la muqueuse nasale. Un cas de décès d’une patiente par arrêt cardiaque a été rapporté suite à l’instillation nasale de suc de concombre d’âne pour le traitement d’une sinusite. La mort est survenue précédée d’œdème laryngé, de signes rénaux (urémie et oligurie) et respiratoires (dyspnée).

Par voie orale, le suc de concombre d’âne est un purgatif drastique. Il provoque des diarrhées, des coliques, des vomissements et des convulsions. Cette symptomatologie, voisine de celle de la coloquinte, peut être mortelle.

Après une exposition au suc de fruit dans les yeux, les symptômes débutent immédiatement par une irritation au niveau oculaire. L’examen ophtalmologique révèle des micro-érosions épithéliales cornéennes, un œdème de la cornée et une conjonctivite.

Par voie cutanée, le suc est extrêmement irritant, entraînant une inflammation et un œdème au niveau de la zone de contact.

Comment prendre en charge une intoxication au concombre d’âne ?

La prise en charge d’une intoxication au concombre d’âne est essentiellement symptomatique nécessitant une surveillance en soins intensifs dans les cas graves. Une oxygénothérapie, associée à une administration de corticoïdes et d’antihistaminiques par voie générale ou topique selon les cas, doit être instaurée rapidement.

L’exposition des yeux au suc de concombre d’âne, nécessite une prise en charge rapide avec une irrigation oculaire abondante, des collyres de corticoïdes pour diminuer l’œdème cornéen et un traitement antihistaminique par voie générale.

Références

1- Victoria Hammiche et al. (2013). Plantes toxiques à usage médicinal du pourtour méditerranéen. Springer-Verlag France, Paris. 409 pages.

2- Brouzas D et al. (2012). Keratoconjunctivitis and Periorbital Edema due to Ecballium elaterium..Cases reports on ophtalmology 3(1):87-90.

 

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