Chélidoine
La chélidoine, c’est quoi ?
La chélidoine (Chelidonium majus L.), appelée aussi la grande chélidoine ou la grande éclaire, est une plante herbacée vivace qui appartient à la famille de Papaveraceae. Sa tige dressée, poilue par endroits, peut atteindre 90 cm de hauteur. La tige laisse échapper en se cassant un latex de couleur jaune ou jaune orangé. Les fleurs, qui apparaissent en grappe au printemps, sont à 4 pétales colorées en jaune avec des étamines de la même couleur. Les feuilles sont polymorphes : les feuilles inférieures sont pétiolées, celles du sommet sont sessiles. Les fruits de la chélidoine sont des capsules linéaires qui contiennent de petites graines noires.
La chélidoine est native de l’Europe et de l’Asie occidentale. On la trouve dans les endroits humides aux bords de routes et sur les murs.
Quelles parties de la chélidoine utiliser ?
On utilise la partie aérienne et le latex frais de la chélidoine.
La partie aérienne de la chélidoine contient essentiellement des alcaloïdes de type isoquinoléine. Les principaux alcaloïdes sont la chelidonine, berberine et coptisine. On trouve aussi d’autres métabolites secondaires tels que les flavonoïdes, les coumarines et les acides phénols.
Dans le latex frais, qui se libère en cassant la tige, on trouve aussi des alcaloïdes de type isoquinoline qui sont principalement la chelidonine, berberine et coptisine mais aussi la chelerythrine et la sanguinarine. On trouve également dans ce latex un pigment qui est responsable de la coloration jaune orangé, la chelidoxanthine.
Quels sont les bienfaits de la chélidoine ?
Le latex de la chélidoine est connu en médecine traditionnelle pour son action contre les verrues. En effet, ce latex agit localement en l’appliquant directement sur les verrues grâce son action antivirale et cytotoxique. Ces propriétés sont utiles pour faire disparaitre les verrues comme le montre l’article « Traitement des verrues par la phytothérapie ».
En plus de son action sur le papillomavirus, exploité pour le traitement des verrues, la chélidoine est connue pour son action antivirale vis-à-vis d’autres virus tels que le virus de l’influenza, le virus de l’herpès et le virus de polio. La partie aérienne de cette plante possède en outre une action antibactérienne et antifongique. L’activité antivirale, antibactérienne et antifongiques sont dus à la présence des alcaloïdes de type isoquinoléine au niveau du latex et de la partie aérienne.
Plusieurs études se sont intéressées aux propriétés cytotoxiques et anti-tumorales de la chélidoine. Ces études, réalisées in vitro sur des cultures cellulaires de souches cancéreuse et in vivo sur des rongeurs, ont révélé que certains alcaloïdes de la chélidoine notamment la chélidonine, la berberine et la sanguinarine peuvent être des molécules intéressantes dans le traitement de certains cancers. D’autres études sont nécessaires afin d’optimiser ces molécules.
Les extraits obtenus à partir de la partie aérienne de la chélidoine possèdent une action antispasmodique. Cet action antispasmodique est mixte de type musculotrope et neurotrope. Les alcaloïdes responsables de cette activité sont la coptisine, chelidonine et protopine qui agissent de façon synergique sur le récepteur GABA. Sur le plan digestif, l’extrait de chélidoine possède aussi une action cholérétique.
Comment utiliser la chélidoine ?
En usage externe, le latex frais de la chélidoine est utilisé contre les verrues en l’appliquant directement ou en le diluant avec un même volume de glycérine. L’utilisation de ce latex doit se limiter aux verrues, sans toucher la peau saine, 2 à 3 fois par jour jusqu’à disparition de la verrue. Pour cela, on peut l’appliquer à l’aide d’une coton tige.
En usage interne, on utilise l’infusion des parties aériennes ou seulement les feuilles de la chélidoine pour les spasmes digestifs. Pour préparer l’infusion, on utilise 15 g de feuilles ou de partie aérienne qu’on laisse infuser pendant 10 minutes dans 1 litre d’eau bouillante. La posologie est de 3 tasses par jour.
Quelles précautions prendre avec la chélidoine ?
En usage local, le latex ne doit pas être appliqué sur la peau saine. Son utilisation doit être limitée aux verrues. Ce latex ne doit en aucun cas être utilisé par voie orale.
En usage interne, les préparations à base de la chélidoine sont contre-indiqués chez la femme enceinte et allaitante ainsi que les patients qui ont une pathologie hépatique. A cause de l’hépatotoxicité de la chélidoine, la durée d’utilisation doit être limitée à un mois tout en respectant les doses recommandées. Un suivi biologique des transaminases s’impose si la durée du traitement dépasse un mois.
Références
1- Colombo M. L. et Bosisio E. (1996). Pharmacological Activities of Chelidonium majus L. (Papaveraceae). Pharmacological Research 33 (2):127-134.
2- Committee on Herbal Medicinal Products (HMPC). (2011). Assessment report on Chelidonium majus L., herba.
3- Jean Valnet. (1983). Phytothérapie. Maloine. 5ème éd. 942 pages.