Kava
Le kava, c’est quoi ?
Le kava (Piper methysticum Forst.), appelé aussi kawa ou awa, est un arbuste de la famille de Piperaceae. Il peut atteindre 3 mètres de hauteur. Il ressemble à un gros bouquet de tiges régulièrement parsemées de nœuds à partir desquels la plante se ramifie. Ses feuilles sont larges et en forme de cœur. Les rhizomes sont ramifiés et très juteux.
Le kava est une plante cultivée en Océanie (Tonga, Samoa, Fidji, Vanuatu) depuis 2500 ans. L’espèce a été domestiquée en Papouasie, Nouvelle-Guinée et/ou au Vanuatu à partir d’un ancêtre sauvage, Piper wichmannii C.DC.
Quel est le statut légal du kava ?
Suite à la notification en Allemagne et en Suisse d’une trentaine de cas d’atteintes hépatiques graves chez des patients traités par des produits à base de kava entre 1998 et 2000, les pays européens (Allemagne, Suisse, France, Espagne, Belgique, Angleterre, Irlande…) ainsi que le Canada et l’Australie ont interdit la vente de tous les produits contenant cette plante. Aux États-Unis d’Amérique la législation est moins stricte concernant la consommation et la vente du kava.
Comment utiliser le kava ?
Le kava est le nom de la plante mais aussi le nom de breuvage préparé à partir des racines de cette plante. Pour la fabrication de cette boisson, les racines séchées sont broyées puis mélangées à de l’eau et on procède enfin à la filtration.
Dans les îles du Pacifique sud (Vanuatu, Nouvelle-Calédonie et Fidji…) où la consommation du kava est très répondu et fait partie de la tradition, on trouve les « nakamals ». Ces « nakamals » sont des établissements en plein air, caractérisés par une ambiance très calme, où on vend exclusivement du kava, servi généralement dans une demi-noix de coco appelée « shell ». A New York, on trouve de plus en plus des « cafés à kava » où les jeunes consomment cette boisson aux effets anxiolytiques qui les aide à affronter le stress du quotidien.
Le kava a une couleur grise de terre et un goût amer, d’eau boueuse. Il se boit d’un trait et il provoque une sensation d’anesthésie au niveau de la langue et des lèvres. Les premiers effets relaxants se font ressentir après 2 à 3 shells.
Quels sont les constituants du kava ?
Le rhizome du kava est riche en amidon, en sel minéraux et en sucres. Il est surtout connu pour la présence de lacones cycliques plus communément nommées kavalactones ou kavapyrones (de 3 à 20 % de la masse sèche). On a identifié jusqu’à maintenant 19 composés dont le kawaïne, le dihydro 7, 8 kawaïne et ses dérivés, le méthylkawaïne, le méthysticine, le yangonine, le desméthoxyyangonine et ses dérivés.
Quels sont les effets du kava ?
Le kava est surtout réputé pour ses propriétés tranquillisantes, sédatives et myorelaxantes. Ces effets découlent de l’action centrale des kavalactones sur les récepteurs GABAergiques, au niveau de certains noyaux gris centraux. Les conséquences de cette action sont la mise au repos de la cellule nerveuse ainsi qu’une diminution de la transmission de l’influx nerveux induisant une sédation et une relaxation musculaire variant en fonction des susceptibilités des consommateurs.
Le kava a un effet tranquillisant. En effet, il adoucit les caractères de ses consommateurs (Jamais les buveurs ne deviennent coléreux, méchants ou bruyants, comme cela arrive avec l’alcool) et apaise le stress, l’anxiété et la douleur morale. Cependant, les consommateurs gardent le contrôle de la conscience et de la raison.
Lorsqu’on consomme des doses plus fortes ou lorsque le breuvage est très concentré en kavalactones, les muscles semblent échapper aux ordres et au contrôle de la volonté, la démarche devient lente et mal assurée et les sujets ont l’air à moitié ivre. Le buveur sent alors le besoin de s’étendre et succombe à l’épuisement et il finit par s’endormir. Le sommeil est analogue à celui de l’ivresse alcoolique.
Le kava ne provoque pas une dépendance. L’effet indésirable le plus courant suite à une consommation prolongée est une éruption cutanée appelée «dermopathie du kava». Il s’agit d’une éruption cutanée ichtyosiforme dont l’apparition débute généralement au niveau du visage et elle est parfois accompagnée d’une photosensibilité oculaire.
Enfin, le kava peut provoquer une hépatotoxicité surtout en cas d’un surdosage, d’une consommation prolongée ou d’une qualité médiocre de la matière première végétale. Il faut noter également qu’il potentialise les effets de certains médicaments du SNC tels les benzodiazépines et les barbituriques.
Références
1- Yann BARGUIL et al. (2006). L’abus de Daturas et de Kava en Nouvelle Calédonie : une pratique inquiétante. Annales de Toxicologie Analytique, vol. XVIII, n° 1.
2- Vincent LEBOT et al. (2015). L’histoire du kava commence par sa découverte. Journal de la Société des océanistes, 88-89, 1989-1- 2. pp. 89-114.
3- Monograph Piper methysticum (1998). Alternative Medicine Review (3) 6.
4- Rolf Teschke et al. (2012). Kawa hepatotoxicity in traditional and modern use: the presumed Pacific kava paradox hypothesis revisited. British Journal of Clinical Pharmacology. 73(2): 170–174