Laurier jaune
Le laurier jaune, c’est quoi ?
Le laurier jaune (Thevetia peruviana (Pers.) K.Schum.), appelé aussi thévétia du Pérou, est un arbuste de la famille des Apocynaceae. C’est un arbuste ramifié et dense qui peut atteindre 6 mètres de hauteur, qui se caractérise par sa sève d’un blanc laiteux. Ses feuilles sont linéaires, brillantes et de couleur vert foncé. Les fleurs poussent à l’extrémité des rameaux. Ces fleurs sont jaunes à orange terne, tubulaires, avec 5 pétales. Le fruit est une drupe charnue, qui se caractérise par sa forme triangulaire, qui ressemble au « chapeau de Napoléon ». Ce fruit est de coloration verte , qui devient jaune puis noire à maturité.
Thevetia peruviana est originaire du Pérou. C’est une plante cultivée comme arbuste ornemental dans toutes les régions tropicales et subtropicales du monde.
Quelle est la partie toxique de laurier jaune ?
Toutes les parties de laurier jaune sont toxiques puisqu’elles contiennent des hétérosides cardiotoniques. Les graines sont les plus riches en hétérosides cardiotoniques, suivies des feuilles, des fruits, puis de la sève.
Le laurier jaune contient un mélange d’hétérosides cardiotoniques, responsables de la toxicité de notre plante. Ces hétérosides cardiotoniques sont principalement la thévétine A, la thévétine B, la nérifoliine et la peruvoside.
Comment survient l’intoxication au laurier jaune ?
L’ingestion de 8 à 10 graines de laurier jaune est mortelle pour les personnes adultes. Des cas de décès ont été rapportés suite à l’ingestion de 5 et même de 2 graines.
L’intoxication survient généralement suite à ingestion accidentelle surtout par les enfants. L’empoisonnement par Thevetia peruviana survient également suite à l’utilisation de la plante en médecine traditionnelle pour traiter les vers intestinaux, les maladies de la peau, les hémorroïdes, la fièvre et la constipation.
Enfin, l’intoxication peut survenir de façon intentionnelle dans le but de se donner la mort. En effet, le suicide par l’ingestion de Thevetia peruviana est un problème de santé majeur en Asie du Sud. Les intoxications, par cette plante, étaient rares jusqu’à ce que les journaux relatent, en 1980, l’histoire de deux filles qui se sont suicidées, au Sri Lanka, en utilisant des graines de Thevetia peruviana. Depuis lors, cette façon de se suicider est devenue très populaire et plusieurs milliers de cas de suicide par le laurier jaune sont signalés chaque année avec un taux de mortalité qui se situe entre 4 et 10%.
Quels sont les effets de laurier jaune ?
Les hétérosides cardiotoniques présents dans le Thevetia peruviana se lient spécifiquement et inhibent la pompe Na/K ATPase membranaire, située principalement au niveau cardiaque. Il en découle un ensemble de signes cliniques d’intoxication. Ces signes cliniques apparaissent quelques heures (3 heures en moyenne) après l’ingestion de laurier jaune.
Le tableau clinique d’intoxication par le laurier jaune, comme celui de laurier rose, est dominé par des signes digestifs et cardiaques. Sur le plan digestif, on a note l’apparition des nausées, des vomissements, de l’hypersalivation, des douleurs abdominales et de la diarrhée. Sur le plan cardiaque, on a rapporté la survenue de bradycardie sinusale, de bloc auriculo-ventriculaire et de la fibrillation ventriculaire. L’hyperkaliémie (élévation de taux sanguin de potassium) est très fréquente chez les personnes intoxiquées par Thevetia peruviana. L’étude de différents cas d’intoxication a montré que le degré de cette hyperkaliémie est proportionnel à la gravité de l’intoxication.
Comment prendre en charge une intoxication au laurier jaune ?
Le traitement de l’intoxication par le laurier jaune est le même que celui de laurier rose. La prise en charge consiste à soutenir le patient sur le plan hémodynamique avec l’administration d’atropine pour corriger la bradycardie sévère.
Le charbon actif s’est avéré utile pour prévenir l’absorption des hétérosides cardiotoniques par l’interruption de leur cycle entéro-hépatique.
On peut administrer des fragments d’anticorps Fab spécifiques à la digoxine. Ce traitement est efficace mais très onéreux d’où il est rarement utilisé sur le plan pratique.
Références
1- Veronika Bandara et al. 2010. A review of the natural history, toxinology, diagnosis and clinical
management of Nerium oleander (common oleander) and Thevetia peruviana (yellow oleander) poisoning. Toxicon 56: 273–281.
2- Bhaskar Banerjee et al. 2010 . A Review on Thevetia peruviana (Pres.) K. Schum. Research Journal of Pharmacognosy and Phytochemistry. 2(5): 343-346.
3- Mandal L. 2012. Yellow Oleander-Thevetia peruviana Poisoning. Postgraduate Medical Journal of NAMS 12(2): 52-55.