28 janvier 2024
Plantes stupéfiantes

Datura

Le datura, c’est quoi ?

Le datura (Datura starmonium L.), appelé aussi stramoine, est un plante herbacée annuelle de la famille des Solanaceae. C’est une plante à odeur fétide qui possède des tiges vigoureuses et lisses et qui peut atteindre 2 m de hauteur. Ses feuilles sont relativement grandes, ovales, à base asymétrique et portants des dents aiguës. Ses fleurs sont grandes, solitaires, de couleur blanche ou jaunâtre, à corolle soudée en tube s’ouvrant en entonnoir. Les fruits sont des capsules globuleuses hérissées d’épines robustes de longueur inégale; ils mûrissent en été et s’ouvrent en 4 valves libérant de petites graines réniformes, très nombreuses, de couleur noire.

Planche botanique de Datura
Planche botanique de Datura (Datura starmonium L.)

Le datura est originaire d’Orient. Il s’est répandu ensuite un peu partout dans le monde : il croit spontanément au Maghreb, en Amérique et en Europe, dans les lieux incultes des zones tropicales et tempérées ou elle est également cultivée à titre ornemental.

Quel est le statut légal du datura ?

Le datura ainsi que les substances issues de datura ne sont pas mentionnées dans la convention unique de 1961 sur les stupéfiants. En effet, la consommation du datura est jusqu’à présent non-interdite par la loi. Le datura semblerait de plus être devenu une alternative à l’Ayahuasca et à l’iboga depuis leur récent classement comme stupéfiant.

La Commission Nationale des Stupéfiants et des Psychotropes a lancé en 2009 un avis qui propose que les administrations concernées (Ministère de l’agriculture, Ministère de l’éducation, mairies…) soient sensibilisées sur les dangers liés à la consommation du datura à des fins récréatives afin que ces derniers puissent engager au niveau local, des mesures préventives telles que la non plantation du datura dans les espaces publics ou dans des zones sensibles tels que les sites accessibles aux enfants et aux adolescents (écoles, collèges, lycées et facultés).

Comment utiliser le datura ?

Le datura est utilisé depuis des siècles à différentes fins, qu’il s’agisse de rituels religieux ou chamaniques (du fait des propriétés hallucinogènes), d’utilisation criminelle (soumission chimique), ou d’un usage médical (pour ses propriétés sédatives et antispasmodiques).
Cette plante est aussi consommée de manière festive par des jeunes gens. Le datura a la réputation d’être une drogue « difficile à gérer »: le fait que la dose hallucinogène soit très proche de la dose toxique rend la consommation du datura extrêmement dangereuse.

La consommation du datura se fait le plus souvent par voie orale : Les toxicomanes utilisent les feuilles ou les graines, qui sont riches en alcaloïdes tropaniques, pour préparer des infusions et des décoctions. En plus, les feuilles du datura peuvent être mélangés à du tabac et fumés.

Quels sont les constituants du datura ?

Toute la plante contient des alcaloïdes tropaniques. Les teneurs en alcaloïdes varient selon la partie de la plante et son stade de développement. Les feuilles et les graines sont les plus riches en alcaloïdes tropaniques. Ces alcaloïdes sont essentiellement l’hyoscyamine et l’atropine (environ 66% des alcaloïdes tropaniques) et la scopolamine (environ 33% des alcaloïdes tropaniques).

Quels sont les effets du datura ?

La consommation du datura provoque directement des signes neurologiques dominés par des hallucinations visuelles et auditives. Elle provoque un état confusionnel assimilé à une phase de début de psychose aiguë où surviennent des hallucinations véritables. Le sujet ne peut alors distinguer son environnement extérieur de son monde intérieur. Les hallucinations ainsi induites sont d’une réalité surprenante. Il y a tout d’abord les hallucinations auditives avec l’impression que des personnes ou des objets te parlent. Il y a ensuite les hallucinations visuelles très variées. Elles dépendent de beaucoup de facteurs mais on note en général des confusions au niveau des couleurs (le bleu paraît vert etc…), des visions d’animaux, de personnes ou d’objets absents, l’impression que des objets inanimés le deviennent (les murs parlent, les objets se déplacent sur leurs petites jambes etc…). Il existe aussi des hallucinations au niveau des sensations avec l’impression de voler, de ne pas ressentir la douleur, de devenir un animal etc…
La rupture avec la réalité est telle qu’elle amène parfois à des actes inconsidérés (défenestration, noyade) pouvant conduire au décès.

On décrit peu, voire pas de phénomènes de dépendance ni de tolérance aux alcaloïdes du datura : L’expérience, le plus souvent désagréable, n’est généralement pas renouvelée. Néanmoins, en termes d’effets au long cours, il y a la possibilité de complications psychiatriques avec des bouffées délirantes ou décompensation d’un état sous-jacent (par exemple révélation d’une psychose schizophrenique).

Il ne faut pas oublier que le datura est une plante très toxique avec dans les cas graves, une dépression du système nerveux central accompagnée de détresse respiratoire évoluant souvent vers le coma et la mort.

Références

1- COMITE DE COORDINATION DE TOXICOVIGILANCE (2010).DATURA STRAMONIUM : potentiel d’abus et de dépendance Mise à jour des données des CEIP-A et des CAPTV

2- F Roblot et al. (1993). Le Datura est un hallucinogène facilement accessible, à propos de 10 cas. La Revue de Médecine Interne 14 (10) : 956

3- Jean Bruneton. (2009). Pharmacognosie, phytochimie, plantes médicinales. Lavoisier. 4éd. 1292 pages.

4- Victoria Hammiche et al. (2013). Plantes toxiques à usage médicinal du pourtour méditerranéen. Springer-Verlag France, Paris. 409 pages.

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