11 janvier 2025
Plantes toxiques

Jusquiame noire

La jusquiame noire, c’est quoi ?

La jusquiame noire (Hyoscyamus niger L.) est une plante herbacée annuelle de la famille de Solanaceae. Il s’agit d’une plante velue, couverte par des poils glanduleux, à odeur nauséabonde, qui peut atteindre 80 cm de hauteur. Ses feuilles sont molles, ovales, lancéolées, entières ou dentées et recouvertes d’un épais feutrage gris vert. Ses fleurs sont groupées d’un même coté sur l’axe qui les porte. Chaque fleur est formée d’un calice cotonneux qui entoure une corolle à 5 pétales soudés en cloche, de couleur jaune grisâtre veinées de violet ou de pourpre noirâtre. Le fruit est une pyxide renflée à la base, durci et à dents épineuses, qui contient des graines de couleur jaune brun.

Planche botanique de la jusquiame noire (Hyoscyamus niger L.)

La Jusquiame noire, originaire d’Asie, s’est répandue dans toute l’Europe, le
bassin méditerranéenne, l’Afrique du Nord, l’Asie centrale et occidentale.

Quels sont les parties toxiques de la jusquiame ?

Toute la plante est toxique. En effet, les différentes parties de la plante renferment des alcaloïdes tropaniques qui sont responsables de sa toxicité. La jusquiame est moins riche en alcaloïdes que la belladone et le datura: Les feuilles contiennent de 0,05 a 0,15 %, alors que la teneur d’alcaloïdes au niveau de la graine peut atteindre 0,3 %.

L’hyoscyamine est l’alcaloïde majoritaire mais la scopolamine peut représenter jusqu’à 40 % des alcaloïdes totaux.

Comment survient l’intoxication à la jusquiame noire ?

L’intoxication accidentelle par la jusquiame noire est rare à cause de l’odeur nauséabonde de la plante. Généralement, l’intoxication survient de façon volontaire suite à la consommation de feuilles ou des graines à la recherche d’effets hallucinogènes. Certains cas d’intoxication sont d’origine criminelle.

Quels sont les effets de la jusquiame noire ?

Le tableau d’intoxication à la jusquiame noire est caractérisé par un syndrome anticholinergique. Les alcaloïdes tropaniques présents dans la plante inhibent les effets de la stimulation de la fibre post ganglionnaire du parasympathique et possèdent à doses élevées une action excitatrice centrale. Ces alcaloïdes s’opposent donc, par un blocage compétitif et réversible des récepteurs périphériques et centraux, à l’action de l’acetylcholine.

Les signes et symptômes du syndrome anticholinergique qui sont liés à un blocage périphérique sont mydriase, sécheresse de la peau et des muqueuses, vasodilatation, hyperthermic, rétention urinaire, iléus et tachycardie. Les signes de blocage central sont confusion, agitation, hallucinations, myoclonies, tremblements, convulsions, coma et dépression respiratoire.

La gravité du tableau clinique est très variable, dépendant de la quantité ingérée. Les formes bénignes sont les plus fréquentes, se limitant à une mydriase, une sécheresse buccale et une tachycardie sinusale, alors que les formes graves sont déterminées par la présence de signes neurologiques parfois dangereux sur le plan vital.

Comment prendre en charge une intoxication à la jusquiame noire ?

La première intervention consistera à l’évacuation de substances toxiques par des vomissements provoqués et un lavage gastrique et/ou administration du charbon activé.

L’antidote spécifique des intoxications par la jusquiame noire est le néostigmine ou le physostigmine, qui sont également prescrits dans les cas d’intoxication par les autres toxiques atropiniques. Ces antidotes sont des inhibiteurs des cholinestérases. En plus de l’administration de l’antidote spécifique, il faut une surveillance étroite des fonctions vitales.

Références

1-Jean-Pierre Goullé et al. (2004). Botanique, chimie et toxicologie des
solanacées hallucinogènes : belladone, datura, jusquiame, mandragore. Annales de Toxicologie Analytique (XVI, n° 1).

2- Victoria Hammiche et al. (2013). Plantes toxiques à usage médicinal du pourtour méditerranéen. Springer-Verlag France, Paris. 409 pages.

3- Jean Bruneton. (2009). Pharmacognosie, phytochimie, plantes médicinales. Lavoisier. 4éd. 1292 pages

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