5 février 2024
Plantes stupéfiantes

Khat

Le Khat, c’est quoi ?

Le Khat (Catha edulis Forsk) est une plante, de la famille de Celastraceae, cultivée couramment dans la corne de l’Afrique (Éthiopie, Somalie, Djibouti) et la partie sud-ouest de la péninsule arabique (Yémen, Oman).

C’est un arbuste de hauteur variable allant de 1 m à 18 m. Ses feuilles sont persistantes, coriaces, polymorphes et dentées avec un pétiole rosâtre. Les fleurs du khat sont de coloration blanche et  groupées en grappes.

Les feuilles du khat  constituent un masticatoire connu utilisé pour ses propriétés stimulantes et euphorisantes au Yémen, Somalie, Ethiopie…

Quel est le statut légal du khat ?

Le khat n’est pas classé dans la liste internationale des stupéfiants à cause de son risque de dépendance faible. En effet, la consommation du Khat induit une dépendance psychique modéré mais fréquente et elle n’engendre ni dépendance physique, ni tolérance (besoin permanent d’augmenter la dose pour avoir le même effet). Mais, il est considéré comme une plante  stupéfiante dont l’usage est interdit dont la plupart des pays européen dont la France, en Amérique du Nord et en Chine et en nombreux autres pays.  La Grande-Bretagne est l’un des dernier pays en Europe à avoir interdit l’usage de khat en 24 juin 2014.

Dans d’autres pays, l’usage du khat est légal et fait partie de la culture populaire. C’est le cas du Yémen, Somalie, Djibouti, Ethiopie et dans une moindre mesure Kenya, Ouganda, Tanzanie, Zimbabwe, Rwanda et Madagascar. Dans certains pays, la prévalence de khat de l’utilisation peut être extrêmement élevée. On estime que jusqu’à 90% des mâles adultes mâchent le khat 3-4 h par jour au Yémen.

L’organisation mondiale de la santé estime l’utilisation du khat en 2008 à 20 millions de personnes. Auparavant, le khat était utilisé principalement par les hommes. Maintenant, il est de plus en plus utilisé par les femmes y compris les femmes enceintes et allaitantes. En plus, l’âge de consommation du khat a diminué jusqu’à 12 ans.

Comment utiliser le khat ?

La grande majorité de ceux qui consomment le khat le font par mastication de feuilles fraîchement cueillies. Seul un petit nombre le consomme sous forme d’une boisson préparée à partir de feuilles séchées, ou encore plus rarement, en fumant les feuilles.

Le consommateur remplit Sa bouche avec des feuilles fraiches qu’il mastique lentement et par intermittence pour libérer les composants actifs. Le matériel végétal est mâché et conservée pendant un certain temps dans la bouche, provoquant un renflement caractéristique. Lors d’une séance, un individu consomme en moyenne 60 g de feuilles.

Dans les pays ou le khat est utilisé en toute légalité, la mastication des feuilles se déroule habituellement en groupe lors des cérémonies tel que les mariages et les fêtes afin d’instaurer une atmosphère de gaité et de bien-être et surmonter la timidité.  Le khat est aussi consommé par les travailleurs pour améliorer leurs performances physiques et lutter contre la fatigue et le sommeil. Les intellectuels l’utilisent pour améliorer l’acuité intellectuelle et faciliter l’idéation.

Quels sont les constituants des feuilles du khat ?

Les feuilles du khat contiennent de nombreux composés différents telles que  les alcaloïdes, les tanins, les terpénoïdes, les flavonoïdes, les stérols … Les phénylalkylamines et les cathedulines sont les principaux alcaloïdes du khat. Les phénylalkylamines sont responsables de l’effet stimulant et euphorisant du khat notamment le cathinone, qui est le composé le plus actif, et  le cathine (Norpseudoéphédrine).

Le cathinone et le cathine ressemblent sur le plan structural à l’amphétamine ce qui explique les effets pharmacologiques du khat qui ressemblent à ceux de l’amphétamine. En effet, le khat est considéré comme une « amphétamine naturel ».

Il faut noter que dans les feuilles jeunes et fraiches, le cathinone est le composé majoritaire. Lors de séchage le cathinone se transforme, sous l’effet d’une enzyme appelée cathinone reductase, en composés moins actifs qui sont le cathine (norpseudoéphédrine) et le noréphédrine. Cela explique la préférence des consommateurs aux feuilles jeunes et fraiches qui ont plus d’effets et sont plus agréable à mâcher. Ca explique aussi le fait que l’utilisation de cette drogue est localisée seulement dans les pays de culture et les pays voisins et n’est pas très étendue comme les autres drogues.

Quels sont les effets du Khat ?

Les effets du khat sont de type sympathomimétique et ils ressemblent à ceux de l’amphétamine. Ces effets sont induit par les phénylalkylamines et notamment le cathinone. Ces molécules agissent avec le même mécanisme d’action que l’amphétamine en libérant les catécholamines, surtout l’adrénaline et la dopamine, à partir de sites de stockage présynaptiques.

La mastication du khat induit un état d’euphorie avec des sensations de vigilance et d’éveil accrue. Ceci est suivi d’une étape d’excitation et de désinhibition avec une amélioration de la loquacité et une sensation de confiance en soi. La pensée se caractérise par une foule d’idées mais Sans pouvoir se concentrer. A la fin d’une session de khat, l’utilisateur devient dépressif, irritable, anorexique et trouve une difficulté à dormir.

La consommation de khat induit d’autres effets sur les différents organes. Sur le plan cardio-vasculaire, le khat provoque une tachycardie, des palpitations, une arythmie, une vasoconstriction et une hypertension artérielle. Le khat peut provoquer des complications cardio-vasculaires graves telles que  l’infarctus de myocarde, une hémorragie cérébrale et un œdème pulmonaire.

La consommation du khat est accompagnée aussi d’une accélération du rythme respiratoire, une rétention urinaire, une sécheresse buccale, une hyperthermie et une mydriase (une augmentation du diamètre de la pupille) ainsi qu’une constipation probablement du à la forte teneur en tanins dans les feuilles du khat.

En plus de ses effets somatiques, la consommation du khat provoque des effets psychiques. En effet, plusieurs troubles psychiques et neuronales ont été rapportés chez les consommateurs du khat. Parmi ses effets on note les tremblements, le vertige, l’insomnie ainsi que l’irritabilité, l’anorexie, la dépression, l’anxiété et les hallucinations. Ces sont généralement les mêmes psychoses rencontrées chez les consommateurs de l’amphétamine.

Plusieurs études ont aussi montré que la consommation chronique du khat induit une impuissance masculine avec des troubles de la libido. Le spermogramme montre des anomalies au niveau des spermatozoïdes ce qui a pour conséquence la diminution de la fertilité.

La consommation du khat par les femmes enceintes peut provoquer l’accouchement d’un enfant de faible poids ou même l’accouchement d’un enfant mort-né. Le khat provoque aussi une diminution de la lactation chez la femme allaitante.

Références

1- Nasir Tajure Wabe. (2011). Chemistry, Pharmacology, and Toxicology of Khat (Catha Edulis Forsk): A Review. Addict & Health 3(3-4): 137-149.

2- Nilesh B. Patel. (2017). “Natural Amphetamine”Khat: A Cultural Tradition or a Drug of Abuse?. International Review of Neurobiology. Article in Press.

3- Kalix P. (1992). Cathinone, a natural amphetamine. Pharmacology Toxicology 70(2):77-86.

4- Jean Bruneton. (2009). Pharmacognosie, phytochimie, plantes médicinales. Lavoisier. 4ème éd. 1292 pages.

 

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