25 avril 2024
Plantes stupéfiantes

Ayahuasca

L’ayahuasca, c’est quoi ?

L’ayahuasca est une boisson qui résulte de la combinaison de deux plantes de la forêt amazonienne : Banisteriopsis caapi Morton et Psychotria viridis R. P. Le terme ayahuasca signifie « liane des esprits ou liane des morts ». Elle est connue sous différents noms: yagé, caapi, natem, mihi, dapa, daime , hoasca…

Banisteriopsis caapi est une liane géante de la famille de Malpighiaceae. Elle particulièrement présente en Amérique du sud. C’est l’ingrédient principal de l’ayahusaca.

Psychotria virdis, appelée aussi chacrona, est une plante vivace de la famille de rubiaceae. C’est un arbuste qui possède des longues feuilles étroites et des petits fruits rouges.

Quel est le statut légal de l’ayahuasca ?

Malgré que le N,N-diméthyltryptamine (DMT), l’un des ingrédients actifs de l’ayahuasca, est classé dans la liste des stupéfiants dans la Convention des Nations Unies de 1971 sur les substances psychotropes, les plantes contenant le DMT, y compris l’ayahuasca, ne sont pas réglementés par cette convention.

L’ayahuasca est légale dans les pays d’Amérique du Sud, comme le Brésil, le Pérou et la Costa Rica, où elle est consommée traditionnellement par les chamans des tribus amérindiennes d’Amazonie et par les adeptes de l’église de Santo Daime dans leurs pratiques rituelles.

Cette boisson n’est pas pénalisée dans certains pays occidentaux tels que le Canada, les Etats Unis d’Amérique et les Pays-Bas dans le cadre strict d’une pratique religieuse. Elle est, par contre, pénalisée dans d’autres pays comme la France, l’Australie, le Portugal, l’Angleterre…

Comment utiliser l’ayahuasca ?

La préparation varie en fonction de groupes ethniques. Généralement, la cuisson se passe en deux temps. Tout d’abord ,on fait cuire par une longue décoction et en proportions égales les écorces des lianes de Banisteriopsis caapi réduits en petits morceaux et les feuilles de Psychotria virdis.

Préparation de l’Ayahuasca (les écorces des lianes de Banisteriopsis caapi et les feuilles de Psychotria virdis)

Ensuite, on enlève les végétaux pour concentrer le liquide à feu doux jusqu’à l’obtention d’une texture brun foncé. On peut ajouter lors de cette étape d’autres plantes mais à des proportions faibles tels que les feuilles de coca (Erythroxylon coca), de toé (Brugmansia suaveolens), de tabac (nicotiana tabacum ou nicotiana rustica) ou encore de piripiri (Cyperus sp.). Le breuvage obtenu est l’ayahuasca qui sera ingérée lors des cérémonies.

Quels sont les constituants de l’ayahuasca ?

La teneur en alcaloïdes totaux de l’écorce de Banisteriopsis caapi varie de 0,05 à 2 % et les alcaloïdes identifiés sont presque tous des alcaloïdes indole tricycliques dérivés de la β-carboline : harmine, tetrahydroharmine, harmaline et harmol.

Les feuilles de Psychotria virdis contiennent des alcaloïdes à une teneur qui varie entre 0,1 et 0,66 %. N,N-diméthyltryptamine (DMT), qui est un dérivé de la tryptamine, est l’alcaloïde majoritaire.

Quels sont les effets de l’ayahuasca ?

Les feuilles de P. viridis contiennent le N,N-diméthyltryptamine (DMT). Ce DMT est inactif lorsqu’il est ingéré oralement, car il est rapidement dégradé par des monoamines oxydase (MAO) périphériques, naturellement présentes dans l’appareil digestif. L’association de la DMT avec les β-carbolines, qui sont des inhibiteurs puissants des MAO, apportées par le deuxième constituant du breuvage ( B. caapi ) confère à la DMT une protection contre la dégradation enzymatique et lui permet alors d’exercer son effet sur le système nerveux central. Cette interaction est la base de l’action psychotrope de l’ayahuasca.

La DMT agit sur le système nerveux central au niveau des récepteurs serotoninergiques 5-HT1A/2A/2C. Elle a aussi une affinité pour les récepteurs adrénergiques alpha 1 e 2 et dopaminergiques D1.

L’effet de l’ayahuasca apparaît rapidement, 30 minutes après la consommation et atteint un pic d’intensité après 2 heures et disparaît après 4 à 6 heures.

La prise d’ayahuasca entraîne des nausées, des vomissements et des vertiges. Après ces signes, les consommateurs évoquent la survenue des visions colorées et des modifications visuelles, un sentiment de confiance en soi, amélioration des relations interpersonnelles, un sentiment de paix, de plaisir, d’assurance et d’indépendance.
Les effets de l’ayahuasca sont dose-dépendants, l’ingestion d’une dose intermédiaire a pour effets la survenue des épisodes de « rêves », augmentation de luminosité, une confusion mentale à l’égard des personnes, de l’espace ou du temps et altération de discours. A une dose élevée il y a un changement de la perception du soi et de la réalité et le consommateur exprime un sentiment de joie et d’ecstasy et de tristesse et peur en même temps .

Les effets périphériques de l’ayahuasca sont: la tachycardie (l’élévation de rythme cardiaque), l’hypertension, l’hyperthermie, les paresthésies, la mydriase et la diarrhée.

Références

1-Patrick Deshayes (2002). L’ayawaska n’est pas un hallucinogène. Psychotropes 8: 65-78.

2-Stiffler JD. (2018). Ayahuasca: From the Amazon to a city near you. Am J Addict. 27(8):648‑649.

3-Gussow L. (2018). Toxicology Rounds: No Matter the Name, Ayahuasca (or Yagé or Caapi) Will Bring Hallucinating Patients to Your ED. Emergency Medicine News 40:22.

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