25 avril 2024
Phytothérapie

Éliminer la cellulite naturellement

Définition, causes et symptômes de la cellulite

Définition de la cellulite

La cellulite est une lipodystrophie superficielle qui associe une augmentation de la masse graisseuse de la partie superficielle de l’hypoderme. Il s’agit d’une augmentation du volume ou du nombre des adipocytes qui siègent dans la partie superficielle de l’hypoderme. Elle doit être différenciée de la graisse de l’obèse et des stéatoméries qui sont des lipodystrophies profondes.

Cette déformation superficielle de l’enveloppe cutanée ne peut être assimilée à une maladie puisqu’elle n’évolue vers aucune complication et n’a aucun caractère morbide. Mais, c’est une disgrâce esthétique dont le retentissement psychique peut néanmoins être important sur la qualité de vie. C’est une affection dont souffrent souvent en silence une grande majorité des femmes des pays développés (plus que 80% de femmes).

Causes de la cellulite

La cellulite est la conséquence d’un déséquilibre chronique de l’adipocyte (adipose) et de son tissu environnant, en particulier la microcirculation (rétention d’eau) et le collagène (fibrose). Ces trois facteurs se conjuguent pour favoriser le phénomène de cellulite :

  • L’adipose

L’adipose, appelée aussi la dystrophie adipocytaire, correspond à une augmentation du nombre ou du volume des adipocytes associée à un dysfonctionnement chronique de leur métabolisme: altération des mécanismes de la lipogenèse (synthèse des triglycérides) et de la lipolyse (lyse des triglycérides en glycérol et acides gras). Ce mécanisme est lié à l’altération du fonctionnement d’une enzyme clé, la lipoprotéine lipase (LPL) et d’une hormone, la leptine. Ces altérations sont principalement d’origine hormonale. En effet, l’œstrogène stimule la lipogenèse et inhibe la lipolyse, entraînant une hypertrophie des adipocytes. Ce mécanisme peut expliquer en partie la plus grande prévalence de la cellulite chez les femmes.

  • La rétention d’eau

Chaque jour, plus de 20 litres d’eau sont filtrés à travers nos vaisseaux capillaires artériels pour être ensuite réabsorbés par nos capillaires veineux et lymphatiques. S’il existe un mauvais retour veineux ou une insuffisance lymphatique, ou si la perméabilité capillaire est modifiée du fait d’un déséquilibre hormonal, une partie de l’eau filtrée restera dans les tissus interstitiels et, dans le cas de la cellulite, dans les tissus graisseux périadipocytaires. Les zones où la circulation sanguine et le drainage lymphatique sont diminués, tels que les fesses et les cuisses, sont plus prédisposés à l’augmentation du microedème dans les couches adipeuses sous-cutanées, conduisant à une accentuation des irrégularités cutanées.

  • Fibrose

La fibrose est consécutive au passage dans les tissus interadipocytaires d’eau et surtout de protéines de haut poids moléculaire. La mauvaise réabsorption par le système lymphatique de ces protéines entraîne une stimulation par les fibroblastes de la production de fibres collagènes. La fibrose est donc un phénomène évolutif, qui peut être consécutif à la rétention d’eau, mais qui peut apparaître plusieurs années après.

Les altérations post-inflammatoires, génétiques, la prise du poids, la sédentarité et le stress peuvent également contribuer au développement de la cellulite.

Symptômes de la cellulite

La cellulite correspond à un aspect de peau d’orange qui apparaît de manière spontanée ou à la suite du pincement de la peau. Elle est le résultat d’une répartition augmentée et irrégulière du tissu adipeux et de l’eau au niveau de la peau de certaines régions caractéristiques chez la femme notamment les cuisses et les fesses.

Cellulite-cuisse
Cellulite au niveau des cuisses

Pr Nürnberger a proposé une classification clinique de la cellulite qui reste encore très utile de nos jours du fait de sa simplicité avec ses quatre stades:

  • Stade 0 : Pas d’aspect spontané, pas de peau d’orange au pincement ;
  • Stade 1 : Apparition de peau d’orange uniquement au pincement ;
  • Stade 2 : Peau d’orange apparaissant spontanément uniquement sous l’action de la pesanteur (position debout) ;
  • Stade 3 : Peau d’orange permanente quelle que soit la position.

Pr Blanchemaison a élaboré lui aussi une classification appelée «classification IFAT» (Infiltration, Fibrose, Adipose des Tissus) des différents types de cellulites:

  • Cellulites infiltrées dues principalement à une augmentation de la pression veineuse de retour et à un défaut de drainage lymphatique ;
  • Cellulites adipeuses lorsque la structure des adipocytes est déréglée et que le mécanisme de la lipolyse ne s’effectue pas correctement. Elle reste la meilleure indication de la liposuccion.
  • Cellulites fibreuses lorsque la cellulite est perceptible au pincement. En effet, la graisse cellulitique va devenir « compactée » par le phénomène de fibrose, c’est pour cela qu’il sera extrêmement difficile de la déloger ;

Principe du traitement de la cellulite par la phytothérapie

La phytothérapie a une place prépondérante dans la prise en charge de la cellulite. Cette prise en charge repose sur l’association des différentes propriétés des plantes médicinales pour aboutir à une stratégie globale. En pratique, les traitements proposés comportent deux volets:

  • Les préparations par voie orale qui peuvent être divisées en plantes diurétiques pour « drainer » l’organisme et de stimuler les émonctoires, des plantes veinotoniques actives sur la circulation veinolymphatique et des plantes reminéralisantes qui vont apporter le silicium, élément structurel important du tissu conjonctif.
  • Les préparations topiques (pour application cutanée) qui peuvent être divisées en 3 grandes groupes de plantes en fonction de leur mécanisme d’action: des plantes veinotoniques, des plantes pour réduire la lipogenèse et favoriser la lipolyse et des plantes pour restaurer la structure normale du derme et des tissus sous-cutanés.

La stratégie de la prise en charge varie selon le type de la cellulite. Par exemple pour une cellulite avec rétention d’eau on utilise principalement des plantes actives sur la circulation veinolymphatique associées à des plantes diurétiques.

Pour une cellulite adipeuse, on va s’orienter vers les principes actifs lipolytiques tels que la caféine qui est présent dans de nombreuses plantes.

Une cellulite fibreuse pourra être améliorée par des plantes reminéralisantes et des principes actifs qui agissent sur le collagène tel que les dérivés de la vitamine A .

Plantes médicinales utilisées pour le traitement de la cellulite

Par voie orale

Plantes diurétiques

Dans la cellulite, il est nécessaire de stimuler l’élimination de l’eau. Pour stimuler le rein, il faut boire suffisamment d’eau (de 1 à 1,5 litre d’eau peu minéralisée en dehors des repas).
On ajoutera dans une bouteille des plantes connues pour leur action diurétique. On utilise souvent :

  • Pissenlit (Taraxacum campylodes),
  • Piloselle (Hieracium pilosella),
  • Orthosiphon (Orthosiphon stamineus),
  • Bourrache (Borrago officinalis),
  • Bouleau blanc (Betula alba)

Plantes actives sur la circulation veinolymphatique

La cellulite est favorisée par des troubles de la circulation veinolymphatique. La phytothérapie est certainement la thérapeutique la plus efficace pour prendre en charge ces troubles. Là encore, les plantes connues pour leurs propriétés veinotoniques sont nombreuses. On utilisera essentiellement:

Plantes réminéralisantes

Les plantes reminéralisantes sont très riche en minéraux et en particulier en silice (jusqu’à 7 %). Ce silice est un élément structurel du tissu conjonctif qui a la capacité à réguler le métabolisme cellulaire de ce tissu. Les plantes reminéralisantes vont donc augmenter la tonicité de la peau et lutter contre l’installation de la cellulite.

  • La prêle (Equisetum arvense)
  • L’ortie (Urtica dioïca et Urtica urens)

Par voie topique

Plantes veinotoniques

Ce groupe comprend la plupart des plantes disponibles pour le traitement topique de la cellulite. En plus, de leur effets veinotoniques, ces plantes ont un effet antioxydant et antiradicalaire très intéressant grâce à leur richesse en polyphénols tels que les flavonoïdes, les tanins et les anthocyanosides.

Centella asiatica est très utilisée pour le traitement de la cellulite. C’est une plante qui améliore la microcirculation et agit comme un agent anti-inflammatoire.

Ruscus aculeatus est un puissant vasoconstricteur veineux. Elle est riche en flavonoïdes qui améliorent la résistance capillaire et diminuent la perméabilité vasculaires et la formation des œdèmes, ce qui conduit à une amélioration dans le drainage lymphatique.

Les vignes rouges (Vitis vinifera) sont très riches en tanins et anthocyanosides, qui sont des antioxydants qui diminuent la peroxydation des lipides. Ils augmentent aussi le drainage veinolymphatique et diminuent la perméabilité vasculaire.

Les feuilles de lierre commun (Hedera helix) contiennent des flavonoïdes, tels que la rutine et des saponosides, telles que l’hédérine, l’hédéracoside, et hédéragénine. Elles améliorent le drainage veineux et lymphatique et réduisent l’œdème.

Papaye (Carica papaya) et ananas (Ananas sativus et Ananas comosus) ont des propriétés anti-inflammatoires et anti-œdémateuses. Les formulations topiques sont disponibles à des concentrations de 2% à 5%. Ces plantes sont actives par la présence des enzymes: bromélaïne pour l’ananas et papaïne pour le papaye.

Plantes réduisant la lipogenèse et favorisant la lipolyse

Les bases xanthiques, telles que la caféine et l’aminophylline sont des principes actifs classés dans cette catégorie. La caféine, qui est normalement utilisée à des concentrations de 1% à 2%, peut être extraite à partir de plusieurs plantes (Coffea arabica, Paullinia cupana, Camellia sinensis…). La caféine pénètre très facilement dans la peau où elle agit directement sur les cellules adipeuses, favorisant la lipolyse. Elle inhibe la phosphodiestérase, et augmentent l’AMP cyclique. Elle active l’enzyme triglycéride lipase qui décompose les triglycérides en acides libres et en glycérol.

Des extraits d’algues marines ont montré des propriétés lipolytiques intéressantes: Le fucoïdane, un polysaccharide sulfaté extrait d’une algue brune (Fucus vesiculosus), possède un effet lipolytique grâce à son action sur la sécrétion de lipoprotéine lipase (LPL) par les adipocytes humains.

Agents qui restaurent la structure normale du derme des tissus sous-cutanés

Le rétinol est un dérivé de la vitamine A qui a été utilisé comme traitement topique de la cellulite. Des études ont montré que le rétinol utilisé par voie topique à la concentration de 0,3% pendant une période de six mois améliore significativement la cellulite. Ces effets peuvent être liés aux propriétés connues des rétinoïdes qui augmentent l’épaisseur du collagène dermique et améliorent de l’élasticité des fibres. Le rétinol peut également agir comme agent antiadipogénique en inhibant la différenciation des cellules précurseurs des adipocytes.

Mesures hygiéno-diététiques pour la prise en charge de la cellulite

Aucun traitement ne peut se passer d’une approche diététique de cette affection disgracieuse. Il est primordial de réduire les excès caloriques et éviter le grignotage. En plus, il faut aussi réduire les aliments qui peuvent favoriser directement ou indirectement la cellulite tels que le lait de vache et ses dérivés, les aliments salés, les sucres rapides et les sucre raffinés, les aliments industriels et les aliments cuits à haute température notamment les fritures.

Il y a des aliments qui vont permettre de lutter contre la cellulite: la consommation de 1 à 3 bols de thé vert par jour et d’oignons crus ou cuits dans différents plats permet de lutter contre la cellulite. Le raisin, l’ananas, la papaye, le persil, le curry, les algues marines (laminaires), le pissenlit sont également souvent cités comme aliments anticellulite. Il faut également boire suffisamment d’eau.

Il ne faut pas oublier d’augmenter l’apport en protéines qui permet de lutter contre plusieurs phénomènes favorisant la cellulite. En effet, la carence protidique va faire baisser la pression oncotique du sang et augmenter la rétention hydrique dans les tissus périphériques.

En plus de l’alimentation, l’activité sportive permet le développement de la masse musculaire réduisant ainsi l’apparition de la cellulite. On a remarqué que les patientes qui présentent un déficit en masse maigre sont plus sédentaires et ont une tendance à l’apparition d’une cellulite bien plus marquée.

Références

1- B. Mole et al. (2004). L’ultrasonographie à haute fréquence et le celluscore : un progrès dans l’évaluation objective du phénomène de cellulite. Annales de chirurgie plastique esthétique 49: 387–395.

2- Doris Hexsel et al. (2011). Cosmeceuticals for Cellulite. Semin Cutan Med Surg 30:167-170.

3- Ngamrayu Ngamdokmai et al. (2018). Cellulite Reduction by Modified Thai Herbal Compresses: A Randomized Double-Blind Trial. Journal of Evidence-Based Integrative Medicine 23: 1-10.

4- Tamara Al-Bader et al. (2011). Effect of cosmetic ingredients as anticellulite agents: synergistic action of actives with in vitro and in vivo efficacy. Journal of Cosmetic Dermatology 11: 17–26.

5- P. Blanchemaison. (2007). Cellulite : physiopathologie, diagnostic, évaluation et traitements. Cosmétologie et Dermatologie esthétique, 50-480-A-10.

6- E. Menat. (2006). Cellulite et phytonutrition. Phytothérapie 1: HS21–HS27

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